
Image credit: Ak Pk
IPD Senior Fellow, Jean-Francois Caron wrote a piece (in French) for Le Devoir that assesses Western accountability for the crisis in Ukraine.
The following is an excerpt from the original piece that was published on December 20, 2021.
Chez nous, la messe a déjà été dite : Vladimir Poutine est un tyran sanguinaire hanté par des rêves de grandeur, nostalgique de l’Union soviétique et désireux de recréer une grande Russie puissante. Voilà pourquoi il n’est guère surprenant d’entendre certains comparer la situation actuelle à celle de Munich en 1938, lorsque la France et son allié britannique durent négocier avec Hitler. Doit-on chercher à apaiser Poutine ou doit-on au contraire tirer les leçons de Munich et tenir tête à un individu qui voudra constamment étendre son territoire au détriment de ses voisins ? En somme, après avoir désigné le méchant de service, l’Occident a maintenant tout le loisir de s’arroger le monopole du cœur dans cette affaire. Cela nous arrange bien.
Cette rhétorique nous évite toutefois d’avoir à faire notre examen de conscience et à prendre en compte notre part de responsabilités dans la crise ukrainienne. En cela, il est important de bien comprendre la rhétorique du Kremlin pour mieux saisir ce qui motive l’attitude de Moscou. Pour Vladimir Poutine, la Russie a été flouée par la promesse étasunienne de l’ordre libéral qui a succédé à la guerre froide et qui devait unir les États au sein d’un ensemble de normes et de principes devant privilégier le multilatéralisme, la concertation et le dialogue. Or, ces principes souhaités et encouragés par Washington demeurèrent une réalité largement théorique, et les États-Unis n’ont jamais hésité à agir de manière unilatérale lorsque ses intérêts géostratégiques étaient en jeu. Il suffit de penser à cet égard aux interventions unilatérales au Kosovo en 1999 ou en Irak en 2003.
Jean-François Caron (@jfrcaron) is a Senior Fellow at IPD and an Associate Professor at Nazarbayev University.